mardi 4 janvier 2011

quelques détails du XIXe siècle

Cycle passeport pour L’art janvier-février 2011


Quelques détails du XIXe siècle au Musée des Beaux-arts de Tours.


Nouveau cycle passeport pour l’art, nous nous concentrerons sur les collections de peinture XIXe siècle du Musée des Beaux-arts.

Séance 1 3-5-8 janvier : introduction, les collections XIXe, témoin du vivant du musée

Séance 2 10-12-15 janvier : Naissance de l’histoire de l’art, de l’archéologie repensée

Séance 3 17-19-22 janvier Le Beau contre le Goût, lutte esthétique au début du XIXe siècle

Séance 4 25-26-29 janvier La logique d’un académisme, la conservation des modèles passés

Séance 5 31 janvier -2-5 février Un renouveau du naturalisme, du Caravage à l’impressionisme

Séance 6 7-9-12 février Le voyage comme déplacement physique et mental: l’orientalisme

Séance 7 14-16-19 février Le paysage sujet d’une modernité déclarée ?

Séance 8 21-23-26 février Sentiments et sensations, la réception de l’oeuvre au XIXe

Séance 9 28 février -2-5 mars Fin de siècle et basculement, les poursuites des débats artistiques du XIXe au XXe



Le cycle de conférences passeport pour l’art aborde, pour cet hiver 2011, les collections de peintures XIXe du musée des beaux-arts de Tours. Ces collections se sont établies du vivant du musée. Elle représente numériquement le fonds le plus important.

Malgré l’intérêt et la qualité des oeuvres provenant des saisies révolutionnaires la fin du XVIIIe siècle, le musée des beaux-arts de Tours ne fut pas choisi parmi les 15 musées de province bénéficiant des premiers envois de l’État décrété en septembre 1800. C’est à l’intérêt du général François René de Pomereul et à sa persévérance auprès du ministre de l’intérieur et de Dominique Vivant-Denon que l’on doit les premiers envois de l’État dès 1803. De nombreux courriers du préfet témoignent de son combat pour obtenir ces dépôts pour le musée et également de son rôle pour le choix de ses oeuvres. 30 tableaux en provenance du muséum central devaient parvenir au musée de Tours en 1803. Trois ans plus tard le même préfet s’adresse de nouveau au directeur pour lui réclamer six tableaux restés en conservation au muséum central. Les envois ne sont pas des oeuvres contemporaines mais principalement de périodes antérieures devant permettre d’ouvrir les thématiques et sujets des tableaux déjà présents dans les collections. Cela sera le cas pour des morceaux de réception de l’académie devant permettre d’avoir de grand modèle pour l’école se trouvant au rez-de-chaussée du palais de l’archevêque.

Les collections du XIXe siècle se sont constituées selon des modes communs à tous les musées français, c’est-à-dire les dépôts de l’État, les dons, les legs, les achats. Les envois de l’État ne débutent pour les collections XIXe qu’à partir de 1815 et vont se poursuivre ensuite à un rythme plus ou moins soutenu. Ainsi en 1819 le tableau Jeanne-d’Arc à Loches de Millin du Perreux rentre dans les collections. Les envois de l’État sont motivés pour répartir sur l’ensemble du territoire français les grandes collections. L’État exerce ainsi un rôle de mécène en soutenant par une politique d’achat et de commandes. L’état oriente les travaux et les encourage à l’aide de ces dépôts. Les conservations de province se rappellent régulièrement à l’État en cas d’oubli de sa part pour augmenter en permanence leur nombre de dépôts.

Les dons et legs vont se faire à partir de 1840, la générosité de personnes privées intervient pour une grande part dans la constitution de ces collections. Parmi les donateurs, les artistes et leurs familles occupent une place éminente qu’il convient de souligner. Que cela soit de leur vivant ou bien après leur disparition, le dépôt de leurs oeuvres au sein des collections du musée témoigne d’un souci de perpétuer le souvenir de l’oeuvre et d’en assurer ainsi la pérennité. Ce sont alors des collections complètes, fonds absolument uniques, qui vont rejoindre les collections du musée. L’intérêt scientifique consiste à avoir des corpus qui conservent toute leur cohérence et par leurs dépôts au musée ne seront jamais dispersés.

Pour la période concernée, l’action des conservateurs en matière d’acquisition est limitée en permanence par la modicité des crédits aussi faut-il souligner que l’établissement des collections de XIXe du musée des Beaux-Arts est davantage attaché un dépôt de l’État les ghettos que pas véritablement une politique d’achat étendue.

La collection XIXe du musée des beaux-arts ne dispose pas uniquement de chefs d’oeuvre mais témoigne et enseigne sur l’établissement de la collection et sur le XIXe siècle en général. Ce n’est qu’en 1921 que l’on choisira le deuxième étage pour présenter ces collections.


Le XIXe siècle est celui d’invention du musée, du rassemblement encyclopédique des oeuvres du passé. La société s’éprend de l’histoire qui dès 1818 entre dans les programmes scolaires. On met en place les services des archives nationales ou encore des monuments historiques. Dans un siècle d’éclectisme, d’histoire et d’accumulation ont construit la pensée d’une nation. L’art se trouve alors inclus dans ce registre historique.

Le XIXe siècle présente des mutations constantes, décisives et irrémédiables qui transforment la civilisation occidentale et par ce fait ses productions artistiques. Les évolutions des régimes politiques, des systèmes économiques, de l’organisation sociale, des modes de production, des sciences et techniques ou encore des moeurs et des idéologies créent un mouvement perpétuel auquel la peinture, la sculpture et l’architecture appartiennent.

Suivant la théorie positiviste d’Auguste Comte qui se condense dans « l’amour pour principe, l’ordre pour base, le progrès pour but » le progrès repose sur l’invention de nouveaux produits de nouvelles techniques, sur la rationalisation des méthodes de production et la peinture se retrouve sur le même principe d’une évolution permanente expliquant la rapidité des changements artistiques et les questionnements soulevés par sa réception. Les mutations techniques et industrielles révolutionnent le principe d’un progrès. L’art au-delà de guider les esprits va questionner la matérialité de plus en plus d’importance en peinture. La métropole se fait le moteur et le lieu de cette mutation, l’ordre urbain s’installe et la ville deviendra le sujet moderne de l’art.

Les grands enjeux artistiques sont débattus au sein des grands salons. Comme Walter Benjamin le souligne Paris est la capitale du XIXe siècle. La ville présentera jusqu’à quatre salons :

  • Le salon des artistes français
  • Le salon de la société nationale des beaux-arts
  • Le salon des indépendants
  • Le salon d’automne

Les deux premiers célèbrent les peintres à la mode et les commandes publiques, ils sont le miroir de ce rôle de mécène que l’État a sur la production artistique. Les deux autres s’ouvrent aux refusés, ils présentent un certain contre-pouvoir artistique au goût commun et collectif. Un clivage va se créer générant de violentes luttes à la hauteur des enjeux économiques, artistiques et politiques contenus dans ses vitrines culturelles.

À ce système s’ajoute lentement à partir de 1850 un mode d’exposition privée. Les galeries conjuguent des facteurs économiques, l’évolution du goût, la diffusion, la réputation et les engouements. Tout cela multiplie la diffusion et la réception de l’oeuvre. Le XIXe siècle sera celui de la presse écrite, qui deviendra alors le lieu de critiques s’élevant soit pour ou contre les principes du beau. Deux camps se font face avec leurs soutiens respectifs donnant lieu à un réel et complet débat sur les questions et les valeurs de l’oeuvre d’art. Le XIXe siècle marque en soi la fin de la renaissance dans cette liberté acquise par l’artiste peintre dans son oeuvre.

Le XIXe peut arbitrairement être scindé en deux :

  • 1815 - 1848 le néoclassique et le romantisme.

Il n’y a pas d’opposition absolue entre ces deux mouvements. Le romantisme peut être considéré comme le fils prodigue du néoclassique. La période napoléonienne a changé le rapport du peintre d’histoire, il est devenu contemporain, ouvert aux nouveaux sujets dont l’orientalisme. L’Orient se substitue à l’Antiquité, le goût pour le moyen âge dans ses mythes devient une réalité, et au nom d’une recherche libérale se bâtit des vocabulaires, des styles et références qui changent en permanence mais trouvent des constantes. Les romantismes picturaux, littéraires et musicaux sont évidemment indissociables, et caractérisent de manière décisive cette période pour une collaboration entre les pratiques artistiques.

  • 1849 - 1890 l’ère des modernes

La seconde moitié du XIXe siècle est une longue période de paix, c’est la période des néo, néogothique, néobaroque... C’est aussi à ce moment que l’on note la naissance du peintre de la vie moderne, à une période nouvelle doit correspondre une peinture elle-même renouvelée dépassant et s’engageant dans la réalité de son temps. Nous pouvons considérer que l’histoire qui était à la base du classique donne le meilleur argument à la modernité. La société bourgeoise se cache derrière les modèles du passé pour ne pas voir ses propres moeurs et son propre temps. Dans une société qui s’accélère les mouvements artistiques vont eux-mêmes s’accélérer et s’enchevêtrer.


Séance 2 : Naissance de l’histoire de l’art, de l’archéologie repensée

Avec le néoclassique, l’impact de l’histoire de l’art et d’une étatisation de la stylistique revisite les modèles du passé. Le peintre revisite les grands modèles, les actualise. L’archéologie et l’histoire de l’art deviennent des sciences dont la valeur symbolique nourrit un discours officiel académique. La Création des Musée en province construit des «temples» pour consacrer ces écoles et ses stylistiques. Héritier de l’archéologie méditée et de la poésie de l’antique du XVIIIe siècle, l’imaginaire des temps passés se poursuit.


Séance 3 Le Beau contre le Goût, lutte esthétique au début du XIXe siècle

Le tournant du XVIIIe et du XIXe siècle est une période de grands changements pour la peinture. L’esthétique du «petit goût» des pastorales sont sévèrement battus en brèche par Winckelmann, David ou même Delacroix. Dans une nostalgie du grand goût du temps de Louis XIV, s’affirme la revendication du beau. Ce dernier devient l’objet d’un débat et de critique scindant la réception de l’oeuvre et la qualité de la peinture. La lutte esthétique repose sur cette remise en cause d’avis et de goûts dépréciés ou non. Baudelaire y verra même derrière le beau la logique d’une «nation».


Séance 4 La logique d’un académisme, la conservation des modèles passés

Le néoclassique engendre un nouvel académisme. La conservation des modèles du passé ne va pourtant pas limiter la capacité d’invention. Malgré une esthétique normée, les générations de peintres académiques témoigne des évolutions et des gouts. Les récentes expositions et études de Ingres témoignent une modernité dans cette recherche d’une beauté idéale.


Séance 5 Un renouveau du naturalisme, du Caravage à l’impressionisme

Le naturalisme et sa collusion avec les principes idéaux de la peinture classique montrent une recherche picturale et une autonomie du tableau. Si le sujet se veut plus quotidien dans son approche comme dans sa finalité. Le naturalisme pictural témoigne encore d’un complète voire d’une radicalisation de l’artificialité de l’oeuvre. Du Caravage aux impressionnistes, le tableau en prenant le réel comme seul support n’en reste pas moins une concentration et donc un condensé.


Séance 6 Le voyage comme déplacement physique et mental: l’orientalisme

L’Orient renouvelle les thèmes de la peinture classique. Il est aussi pour les romantiques la possibilité d’un voyage initiatique. S’écartant du séjour romain les artistes vont chercher en Orient une lumière et un rendu que l’on peut observer en Occident. Le fantasme et la fable deviennent le lieu d’un débat entre un Orient rêvé et réel.


Séance 7 Le paysage sujet d’une modernité déclarée ?

Sujet déprécié au XVIIIe par sa position au sein de la hiérarchie des genres, le paysage va devenir l’icône d’une modernité au XIXe.


Séance 8 Sentiments et sensations, la réception de l’oeuvre au XIXe

La multiplication des Salons et autres expositions crée une profonde transformation de la réception. Même l’art officiel domine, le public se scinde suivant ses goûts et prend parti. L’oeuvre cherche sa voie entre sentiment et sensation, entre idéal et sensoriel. Des débats sur le beau et le goût, l’oeuvre se fraie un chemine vers une autonomie et une synthèse de ses fonctions.


Séance 9 Fin de siècle et basculement, les poursuites des débats artistiques du XIXe au XXe

Les débats, dialogues et évolutions de la pratique artistique au XIXe se poursuivent au XXe. Les «ismes» successifs construisent une image progressiste de l’art en diapason à une société où les changements s’accélèrent.


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