lundi 5 septembre 2011

Introduction vrais/faux semblants

Introduction vrais/faux semblants

Vraisemblance: nf caractère de ce qui a l’apparence de la réalité.

Faux-semblant: nm Ruse prétexte mensonger.

Le cycle de conférences passeport pour l’art du mois de septembre au mois de décembre 2011 s’intéressera à la vraisemblance.

Au travers des 15 séances qui nous attendent dans les semaines à venir, nous aborderons la question de la mimésis. La réalité de la représentation est un des grands questionnements de la pratique picturale et de sa réception depuis le XIVe siècle jusqu’à nos jours.

Le cycle passeport pour l’art qui existe maintenant depuis quelques années au musée doit permettre à chacun de s’approprier les collections et d’approfondir sa connaissance sur la pratique de la peinture entre le XIVe et le XXe siècle. J’appartiens à une école où l’analyse de l’oeuvre ne considère pas la peinture comme un objet indépendant. En effet, remis dans un contexte historique et sociologique toute oeuvre devient une image dont la vérité est celle de son temps. Sa pérennité historique est à la fois tributaire de la connaissance de la période qui l’a vu naître et de la remise en perspective historique actuelle.

Derrière les thèmes de vraisemblance et de faux-semblants se trouvent ceux de mensonge et de vérité. L’évolution de la société amène à avoir une vérité oscillante. Comme l’écrit Jean Étienne Liotard dans son Traité des principes et des règles de la peinture : « La peinture et la plus étonnante magicienne : elle s’est persuadée par les plus évidentes faussetés qu’elle est la vérité pure. »

Comprendre l’évolution de la figuration d’un espace cohérent sensible dans lequel le spectateur est invité à se projeter, constitue l’un des principaux témoignages d’une progression de la connaissance même de l’espace et de l’environnement de la société impactant la perception de la pratique picturale.

La peinture confronte une volonté de générer une image qui oscille entre naturalisme et idéale. À la fois objet physique et mental, le tableau peut être considéré comme un paradoxe. Les développements de l’ekphrasis en peinture et les discours sur l’oeuvre crédibilise un sujet représenté, une acceptation de la vraisemblance. La peinture joue cette fonction d’une fenêtre dans laquelle apparaît qu’on le veuille ou non notre propre reflet.

Pierre Francastel, historien d’art, parle d’ordre visuel et par ces mots il nous engage à concevoir que toute oeuvre est le témoignage de son temps et de la perception de cette période à la fois objet d’histoire et histoire d’objets.

La vraisemblance et le faux-semblant sont générés en peinture par l’unité qui se produit à partir de la renaissance entre l’objet visuel et le discours qui peut l’accompagner et change l’oeuvre perçue et le sujet reconnu (à un degré plus ou moins important suivant les informations possédées sur ce dernier). Une peinture est un objet culturel à la fois de contemplation et de méditation.

Le développement de l’ekphrasis et la multiplication des modalités de réception aboutissent sur l’avènement de la subjectivité et de l’individu. Dans cette individualisation du sujet, Quelle est la part de vérité et la part de mensonges que peut porter le sujet et sa représentation ?

La vérité est portée par le sujet mis en composition pour l’oeuvre elle-même. Pourtant dans cette histoire de la peinture entre le XIVe et le XXe siècle la qualité d’une représentation dépasse la simple réalisation matérielle et technique. Le spectateur décortique les constructions spatiales philosophiques et poétiques à l’origine même de la qualité de la peinture et de son inscription dans l’histoire. Objet pensé, la complexité de la palette, de la mesure et de la réflexion joue réellement sur l’estimation de la valeur de la peinture en elle-même et font osciller cette simple surface par apparition et disparition d’un sujet et d’une matière dans un équilibre étonnant où l’image est aussi celle de la main de l’artiste. Ce dialogue entre transparence et opacité que nous avons déjà abordé dans un cycle précédent se joue sur une autre échelle lorsqu’il s’agit d’une simple vérité exécutée.

Ce cycle de conférences s’appuyant sur les questionnements philosophiques mais aussi artistiques pose par le thème de la vraisemblance et du faux-semblant celle d’une vérité en peinture qui est toujours rattaché au regard qui se pose sur elle. L’artiste ne détient pas la vérité mais sa vérité qui dans un enjeu critique, historique et esthétique confère à l’oeuvre une certaine éternité.

Ce qui peut être vrai à une époque peut être totalement faux à une autre. Le tableau ne change pas seule sa lecture et le regard que pose le spectateur se modifient. En cela le rapport de l’homme au monde influe sur la représentation de ce dernier.


Septembre

5/7/10 introduction et présentation vrais/faux semblant?


12/14/ La vraisemblance en peinture un paradoxe?

Le paradoxe de la peinture repose sur la transparence et l’opacité de sa composition. L’illusion de la représentation joue sur l’acceptation des règles par le spectateur et par l’artiste que la composition de champs coloré soit une représentation. Nous ne sommes jamais en présence réel avec le sujet de la peinture et pourtant par l’enjeu de la mimésis, le peintre et le spectateur s’accordent dans la reconnaissance de ce qui est figuré. L’image devient à certain moment plus forte que la réalité elle-même. La modification sensible de l’observation de la peinture lui donne un caractère supérieur. Mais le paradoxe repose sur la nature artificielle du sujet, de son média et de sa réception. La qualité du peintre va pendant toute la période classique reposer sur ce jeu de dupes où chacun sait ce qui est faux et juger de la grande qualité de la reconnaissance du sujet.

Les réactions modernes de déconstruction de la représentation constitue des dialogues et débats les plus importants de l’histoire de l’art. Que faut t’il voir comme vérité en peinture: la matière ou bien le sujet?


19/21/24 Enjeu de la mimésis dans la valeur de l’oeuvre.

La mimésis, c’est à dire la capacité à figurer un sujet plus vrai que nature, est une des pierres angulaire de la réforme de la peinture à la fin du Moyen-âge et au début de la renaissance. L’observation de la nature et la précision de sa transposition devient le fer de lance de sa qualité. Les premiers théoriciens, souvent artistes eux-mêmes, considèrent des textes anciens et des légendes comme le témoignages d’un art absolu. L’enjeu de la mimésis va marquer profondément la valeur de l’oeuvre. L’artiste qui tend à une illusion la plus parfaite sera alors celui qui maitrisera le plus son art. La légende du peintre antique Zeuxis et ses raisins lui font traverser les siècles. Tout peintre qui l’équivaut sera donc lui-même historique. Le travail de copie et de vraisemblance, c’est à dire de la représentation d’une vérité est la tenue d’un naturalisme idéal.


26/18/1 La perspective géométrique, espace et illusion en peinture

Réforme majeure de la composition spatiale en peinture, la perspective géométrique est considérée comme l’un des repères de la renaissance. La mise en place d’un modèle de composition tridimensionnelle permet aux artistes de figurer un trompe l’oeil et de «percer» la surface du panneau et du mur. L’artificialité de cette méthode est connue et considérée comme le moyen le plus abstrait de figurer le concret. La «fenêtre ouverte sur le monde» de Léon Batista alberti est en cela la meilleure expression pour comprendre l’évènement d’une vérité picturale reposant sur un faux-semblant. La multiplication des traités relatifs à ce schéma joue en faveur d’une théorisation au service de la mimésis.


Octobre

3/5/8 La peinture comme un reflet social

Comment la peinture contemporaine de son temps est un reflet de la société qui la voit naitre ? Les plus profondes réformes de la représentation ne se jouent pas en marge. Le peintre évolue suivant sa volonté propre et celle de son public. À partir de la Renaissance, l’art se veut temporel, inscrit dans son temps et devient un reflet social. La peinture nouvellement art libéral, est comme la philosophie et la poésie une trace, un témoin de son temps. La mise en place d’un principe évolutif de l’art conduit le peintre à se positionner dans son temps et son espace. La peinture est une actrice sociale de revendications. Quelle vérité périodique est portée par ce reflet peint ?


10/12/15 Visions du monde: la peinture comme un miroir du réel

La vision du monde, en allemand Weltanschauung, est un parti pris, où dans la subjectivité de chacun, la perception et la compréhension des phénomènes naturels témoignent de la connaissance de l’individu. Vouloir représenter et interagir avec le monde constituent pour le peintre l’obligation de comprendre et de synthétiser ce qui le décrit, physiquement et intellectuellement. De reflet, la peinture devient miroir, à la fois pour celui qui crée et pour celui qui regarde. S’appuyant sur l’exemple de Raoul Hausmann (artiste sur lequel je mène me recherches universitaires), nous aborderons la vision du monde comme une étude des artistes de ce qui définit le réel et qui bascule dans l’artificiel de la création.


17/19/22 La science comme modèle de la vraisemblance?

Suite directe de la conférence précédente, La science comme modèle de la vraisemblance aborde la science et son discours positiviste dans la description du monde. Les recherches et la connaissance scientifique pèsent dans la façon de regarder et de comprendre le monde. La vérité est détenue par le scientifique qui analyse, décortique et explique au plus nombre le monde. L’artiste va étayer sa composition de ces règles et de ces lois venant d’un domaine qui souvent est considérer comme opposé. L’artiste pour défendre et démontrer sa vraisemblance se repose sur la science. Un étrange dialogue s’instaure entre une parole scientifique cherchant des modèles objetctif et une parole artistique cherchant une expression subjective.


24/26/29 Principe perceptif et de réception de la peinture

Le principe perceptif, l’interface sensible qui permet la saisie du réel modélise la construction de la vérité. Le régime sensible de l’oeuvre prôné par la réforme empathique du tableau dès la renaissance établit un dialogue étonnant. Toucher le spectateur signifie générer du sensible. Comprendre le fonctionnement des sens permet dans une certaine mesure de générer un ressenti supérieur au réel. La confrontation entre le vrai-semblant et le faux-semblant repose sur cette illusion sensorielle, et débouche sur une réception de l’oeuvre dépendante pour sa qualité de cette excitation. Le sujet par son intérêt mène aux sentiments les plus grands ou les plus infimes.


31/2/ Les genres en peinture

Les genres en peinture vont hiérarchiser l’intérêt et la qualité de l’oeuvre avant même sa création. La hiérarchie des genres, c’est à dire des sujets, repose sur la vérité porter par ce dernier. Ainsi comme l’explique Félibien dans son Introduction aux conférences de l’académie royale de peintures et de sculpture, le sujet porte par nature une aura. Ainsi l’imitation si elle reste le coeur même de la pratique picturale ne suffit pas à une élévation, entre autre morale, du spectateur. Ainsi la technicité de la reproduction de la réalité n’est pas suffisante. La vérité de la peinture est sa capacité à porter un discours plus qu’une image.


Novembre

7/9/ Le trompe l’oeil et la nature morte

La nature morte, objet de simple représentation du monde, est la catégorie la plus basse de la hiérarchie. En effet, dénué d’actions et de figures, elles ne semblent pas pouvoir porter ce haut degré académique de vérité morale. Pourtant, dès son avènement au XVIIe siècle en Italie et en Hollande, ces petits tableaux vont porter une symbolique dépassant la simple figuration. Derrière un objet artificiellement représenté se trouve toujours une idée. Un fromage ou une tulipe en peinture sont avant tout de la peinture et pas un simple objet. La vanité se trouve ainsi convoqué par le peintre de nature morte. Au XIXe et au XXe cette confrontation à un objet réel permet au peintre de déstructurer son image pour en revendiquer son artificialité. Quel est alors le trompe l’oeil de la nature morte ?


14/16/ Le portrait: vraie ou fausse vraisemblance

Autre sujet de grande mimésis, le portrait. Si l’on considère la vraisemblance comme un miroir ou un reflet du réel, le portrait en est le sujet parfait. Représentation de l’image de soi, le portrait cristallise l’image matérielle et immatérielle. Du portrait officiel codifié à l’autoportrait, comment la représentation joue d’une vérité et d’un mensonge de la perception de soi. L’image muette doit parler pour le spectateur. Elle correspond à l’image du sujet pour le peintre et pour lui-même.


21/23/ La copie en peinture, un faux original ?

La copie pose une autre échelle dans la vraisemblance. Car au delà du sujet, le tableau lui-même devient une vérité en soi. La copie et sa diffusion a connu, suivant les périodes, des valeurs très différentes. Le caractère original d’un tableau repose sur une définition de la vérité qui est changeante. Ainsi un tableau original ayant disparu mais dont une copie fidèle subsiste change la donne de ce dernier. Le faussaire est il un copiste génial ou bien un menteur ? La vérité d’une oeuvre est elle uniquement véhiculée par l’oeuvre originale, ou peut l’être par une reproduction ? En retraçant une histoire de la copie nous parcourons une histoire de la vraisemblance.

28/30/ La vraisemblance et la symbolique: une idée derrière une image ?

La vérité en peinture semble portée par l’image et par sa charge symbolique. Le reflet offert par le tableau est celui d’une pensée et d’un schéma de codes. Le contenu d’une oeuvre ne se limite pas à sa simple matière mais aussi à son immatérialité. Les concepts et théories qui nourrissent une réception de l’oeuvre font d’elle un symbole, un discours et une valeur. La symbolique n’est pas uniquement un discours caché, compréhensible par un petit nombre d’initiés. L’oeuvre d’art attire car elle est un symbole expressif. En offrant une image artificielle de la réalité, elle offre au spectateur un faisceau d’interrogations moral et symbolique.


Décembre

5/7/ Le Readymade objet ou oeuvre ?

Dans cette confrontation à la vérité du réel, le geste de Marcel Duchamp de considérer que le choix par l’artiste d’un objet manufacturé déjà existant et de son glissement dans le monde de l’art est en soi une création, bouleverse la vraisemblance. Le Readymade, c’est à dire tout fait est une collusion de ce questionnement de vrai et faux semblant. Nous sommes toujours interpelés par l’objet brut hors de son champ réel. L’oeuvre peinte est mensongère, mais lorsque l’objet présenté est non artificiel, nous sommes déstabilisés dans notre habitude relationnelle à l’oeuvre. Pourtant le Readymade n’est il pas la plus honnête des vraisemblances ?

12/14/ Vrais/Faux semblants conclusion

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